Israël : du socialisme au libéralisme, Sarah Perez
Du collectivisme au libéralisme
Dans ses premières années d’existence, le système économique israélien est extrêmement étatisé et le pouvoir politique contrôle l’essentiel de l’allocation des ressources. Avec le temps, cette structure s’est modifiée. Une mutation idéologique s’est opérée sous l’influence de la mondialisation croissante des économies. Pour les gouvernements socialistes qui se sont succédés jusqu’en 1977, l’État devait avoir une place prépondérante dans le développement de l’économie et devait peser dans tous les secteurs d’activité, même si en réalité, son poids a varié d’un extrême à l’autre, du contrôle total dans les services d’utilité publique comme l’eau, l’électricité, le pétrole, à un certain retrait comme dans l’agriculture. Néanmoins l’économie se caractérise alors par un secteur public important, un syndicalisme puissant et une lourde bureaucratie. Une économie de guerre se développe avec son lot de restrictions et de crises, la plus importante étant celle des années 1980 où l’inflation atteint 3 chiffres.
Avec l’arrivée au pouvoir de la droite en 1977, une politique libérale est mise en œuvre. Des mesures drastiques sont prises, négociées entre les pouvoirs publics et le principal syndicat du pays, la Histadrout : réduction du déficit budgétaire, suppression de la politique d’indexation des salaires qui nourrissait l’inflation, baisse des taux d’intérêt et établissement d’une parité fixe du shekel par rapport au dollar. Les gouvernements successifs privatisent des dizaines d’entreprises publiques, baissent les charges patronales et prennent des mesures pour favoriser l’innovation. L’essor de l’économie de marché et l’usage des nouvelles technologies permettent à l’État d’assumer un nouveau rôle, à la fois plus distant et plus pragmatique ; un rôle de pilote et non plus d’exécutant.
Guerre et croissance
Si les théoriciens du développement économique soutiennent généralement que la sécurité est un préalable à la croissance économique, la guerre n’a jamais empêché Israël de se doter d’une économie solide. Ce paradoxe s’explique par plusieurs facteurs : l’habitude de la prise de risques dans un environnement hostile, la bonne intégration d’immigrants souvent instruits, l’afflux de capitaux étrangers poussés par des motifs politiques, et le développement d’un complexe militaro-industriel. Les besoins urgents d’Israël en matière de défense ont été un moteur pour la croissance économique, stimulant à la fois le progrès technologique et les exportations.
Avant même la guerre des Six-jours en 1967 et l’embargo sur les armes qui s’en est suivi, les dirigeants israéliens prennent conscience de la nécessité de se doter d’une capacité militaire forte et indépendante. Bénéficiant du lien armée-nation très fort, l’industrie militaire puise sa main d’œuvre et son savoir-faire dans les unités technologiques de Tsahal. L’autre point fort de cette industrie est sa très grande réactivité : les enseignements opérationnels de chaque guerre et les nouveaux besoins exprimés par le haut commandement sont immédiatement pris en compte par les ingénieurs israéliens, dont le rôle dans l’effort de guerre devient essentiel. L’armée joue également un rôle déterminant dans la société israélienne. Les jeunes israéliens sont ainsi souvent amenés à diriger des équipes entières. Par l’expérience du travail en équipe, l’armée les responsabilise et les forme à la vie professionnelle future.
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