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Je suis né dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem, sous occupation jordanienne. En juin 1966, le gouvernement jordanien a décidé d'évacuer 500 familles palestiniennes, dont la mienne, du quartier juif et de les reloger dans le camp de réfugiés de Shuafat, sans donner d'explication claire.

Le 4 juin 1967, je me suis rendu du camp de réfugiés de Shuafat à la vieille ville de Jérusalem pour rendre visite à ma tante. Le lendemain, la guerre des Six jours éclatait,  j’avais neuf ans. J’étais coincée chez ma tante. J'ai entendu des coups de feu et demandé à ma tante: « Que se passe-t-il » ? Elle m'a répondu que c'était une guerre entre les Arabes et les Juifs. J'ai alors demandé qui étaient les Juifs et s'ils étaient des êtres humains comme nous. Elle m'a répondu :  « Non, ils mangent de la chair humaine ». J'étais très effrayé.

Trois jours après le début de la guerre, les autorités israéliennes nous ont expliqué à l'aide de  haut-parleurs, en arabe, que toutes les personnes qui désiraient de la nourriture pouvaient se rendre à un certain endroit. Ma tante m'a demandé si je voulais bien y aller. J'ai lui ai dit : "pas question, ils vont me manger". Alors elle m'a proposé d'y aller avec les enfants des voisins. J'y suis allé et j'ai trouvé des soldats israéliens distribuant du pain, des tomates et du lait. J'ai emporté le plus de nourriture possible et suis retourné chez ma tante. J’ai alors compris que les soldats israéliens n’étaient pas comme la sorcière du conte de Hansel et Gretel qui engraissait les enfants avant de les faire cuire. J'ai réalisé que ma tante m'avait menti et que ce n'était pas comme dans un conte pour enfants.
Le sixième et dernier jour de la guerre, les Israéliens ont annoncé au moyen de haut-parleurs que toute personne souhaitant sortir de sa maison pouvait le faire en toute sécurité. Les gens pouvaient rouvrir leurs magasins et voyager. J'ai dit alors à ma tante que je devais rejoindre ma famille à Shuafat. J'ai parcouru 7 kilomètres à pied pour rentrer chez moi en passant par Wadi al Joz. En chemin, j'ai vu des cadavres éparpillés. À un moment donné, j'ai vu une voiture militaire israélienne s'approcher et j'ai vite bondit pour aller me cacher dans une maison. Après le passage de la voiture militaire, j'ai continué ma route vers le camp.

À l'entrée du camp, j'ai trouvé ma mère et mon père qui parlaient d'aller dans la vieille ville pour me retrouver. Ces retrouvailles furent un moment très émouvant après six jours d'absence sans mes parents et sans savoir ce qui se passait.

Notre vie était difficile. Nous n'avions pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de télévision, pas de réfrigérateur et même pas de toilettes. Nous devions utiliser les toilettes publiques du camp. Mon père gagnait sa vie comme tailleur mais nous étions huit personnes et vivions dans une extrême pauvreté dans une seule pièce.

En 1972, mon père a trouvé un emploi comme agent de nettoyage à l'hôpital Hadassah de Jérusalem. Dix ans plus tard, en 1982, mon père était devenu proche d'un professeur juif de l'hôpital avec qui il s'était lié d'amitié. Ce professeur nous a rendu visite dans le camp de réfugiés, un Shabbat avec sa fille.

Le professeur Isaac, comme nous l'appelions, a crée le service d'oncologie de l'Institut Sharett et a proposé un emploi à mon père dans son nouveau service. Il a envoyé mon père suivre une formation de six mois à Tel Aviv pour apprendre à stériliser le matériel médical. Je me souviens du jour où j'ai vu mon père quitter la maison le matin en costume et cravate j'ai alors demandé à ma mère s'il partait en voyage, elle m'a répondu qu'il allait travailler. Je demandais pourquoi il avait besoin d'un costume et elle m'a dit alors que désormais il occupait un nouveau poste.

Un jour, je suis allé rendre visite à mon père à Hadassah et je l’ai vu en blouse de médecin dans une pièce remplie de machines et d’instruments énormes. Ce jour-là, j'ai réalisé que nous devions soutenir Israël, car Israël était le seul pays qui nous donnait une chance de bien vivre.

À mon avis, toute la question de la cause palestinienne arrive à son terme. Ni les Arabes, ni les États musulmans, ni les dirigeants palestiniens ne se soucient de la cause palestinienne. Je demande donc à mes collègues palestiniens de prendre conscience des faits sur le terrain. Il est temps que les Palestiniens commencent à dire : j'ai très envie de vivre! C'est le moment.

Ces jours-ci, je suis très heureux de vivre à Jérusalem sous administration israélienne. Il ne fait aucun doute que Jérusalem est la capitale d’Israël avec ou sans ambassades mais chaque pays qui déplace son ambassade à Jérusalem envoie un message fort, reconnaissant que Jérusalem appartient légitimement à Israël.

La Journée de Jérusalem a été particulièrement significative cette année puisque nous avons assisté à l'ouverture d’une ambassade étrangère à Jérusalem, initiée par le premier gouvernement américain qui a sans crainte débloqué une impasse sans fin. Espérons que l’année prochaine, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Royaume de Bahreïn ouvrent également une ambassade à Jérusalem ! Source

Adapté par ©www.danilette.com

Bassem Eid est le fondateur et ancien directeur du groupe de surveillance des droits de l'homme palestinien (PHRMG) basé à Jérusalem. Il est un défenseur de la paix avec Israël et un critique du terrorisme.

Tag(s) : #coup de gueule et coeur, #Israël, #Désinformation - réinformation, #Jérusalem
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