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http://www.raison-garder.info/2011/10/la-raison-en-perdition-jean-szlamowicz/

    

Le 26 septembre, près de la route d’Hébron, Asher Palmer et son bébé Jonathan d'un an et demi sont morts lapidés par des terroristes.

Le 28 septembre, la Turquie islamiste, qui occupe illégalement une partie de Chypre, emprisonne les opposants au régime et multiplie les déclarations bellicistes envers Israël, a signé à Strasbourg un mémorandum d’accord avec l’Union Européenne qui verra la Turquie « participer à l’établissement des règlements et l’implantation de la politique Européenne ». La Turquie — qui n’est pourtant guère un modèle de respect des droits de l’homme — continue donc d’avancer ses pions en négociant avec les Eurocrates en passant par-dessus la tête des populations pourtant hostiles à son intégration dans l’Europe…

 

Le 1er octobre, à Vigneux, une bande de jeunes maghrébines ont agressé et blessé des Juifs sortant de la synagogue. Arrêtées par la police, elles furent relâchées suite à la pression d’individus assiégeant le commissariat (www.sosantisemitisme.org).

Le 3 octobre, sur France 2, une émission de grande audience a repris sans vergogne l’argumentaire arabe anti-israélien favorable à la création d’un nouvel état arabe vide de Juifs (le magazine Un œil sur la planète, présenté par Étienne Leenhardt).

Pendant ce temps-là, Stéphane Hessel, l’apôtre de la non-violence qui excuse le terrorisme, paradait à Maison Française de l'Université de Columbia à New York pour célébrer les 4 millions d’exemplaires de son indigent opuscule appelant à l’antisionisme.

L’actualité nous livre ainsi le condensé d’une imbrication politique qui passe par un traitement aberrant de l’information. Le divorce entre la réalité (des factions, des états ou des populations jihadistes et antisémites) et les récits (un révisionnisme historique permanent faisant des Arabes de Palestine des victimes) repose sur le travestissement volontaire de l’information. La réalité est, très clairement, celle d’un pogrom discursif permanent, prélude et légitimation de pogroms qui n’auront bientôt plus rien d’intellectuel. C’est déjà le cas dans les pays musulmans (qui ne sont vides de Juifs que parce que ces derniers en ont été chassés à la suite de multiples agressions depuis les années trente). C’est aussi le cas dans certains quartiers en France, le Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme et l’Observatoire du Monde Juif en ont fait la triste démonstration. Pendant que l’ancien diplomate devenu militant angélique et que des journalistes apitoyés propagent des représentations négatives envers Israël, les Juifs se font agresser physiquement sans que personne ne s’en émeuve, au quotidien, en Europe et en Israël. Les multiples distorsions et faux arguments établissant l’oppression israélienne construisent un dispositif rhétorique qui, par la justification intellectuelle qu’il propose, possède la force d’un dispositif politique. Il tient lieu aujourd’hui à l’Europe de position diplomatique.

Le plus alarmant est que l’acharnement anti-israélien — qui par son obsession et son unilatéralisme se révèle fondamentalement anti-juif — est en passe de devenir aujourd’hui une banalité d’évidence dans le monde des idées contemporaines. Après quarante ans de lavage de cerveau, les touches finales sont aujourd’hui apposées par des plumitifs comme Stéphane Hessel, devenu saint laïque militant pour un nouvel état islamique et judenrein, qui se pavane sans contradicteurs dans tous les médias. Le public sait-il encore lire ? Est-il capable de constater l’incohérence entre protestations de non-violence et apologie du Hamas ? Avec un unanimisme choquant, les médias œuvrent pour enrober, adoucir, et couvrir d’ornements pseudo-philosophiques les positions les plus intenables. C’est le cas de la demande d’adhésion à l’ONU d’un état « palestinien », ce qui reviendrait à récompenser le terrorisme et le reniement (l’Autorité Palestinienne n’a-t-elle pas accepté à Oslo le principe « pas de démarche unilatérale » ? ). Comme si le monde avait besoin d’un nouvel état islamo-corrompu dont la raison d’être est de détruire son voisin…

Dans le prolongement de cette convergence anti-israélienne, on a pu entendre le 4 octobre à la télévision (France 3, Ce soir ou jamais), le philosophe ( ?) Alain Badiou évoquer les possibilités d’émeutes avec gourmandise (« une turbulence événementielle » pensez-vous !). Proche de la posture de Hessel, il a tenu des propos de café du commerce sur l’affreuse mondialisation des capitaux, sur « l’oligarchie financière et économique mondiale » à laquelle il opposait le réveil de l’histoire et « la mondialisation politique des masses rassemblées » dont le printemps égyptien étaient selon lui un exemple lumineux (si l’on oublie que les islamistes y sont la première force politique et que l’Egypte vient d’inaugurer un nouveau parti nazi — elles sont jolies, les masses rassemblées).

L’omniprésence des discours anti-israéliens dans le monde intellectuel, le désir irresponsable de chaos (« Je ne suis pas mécontent de ce qui se passe », concluait Badiou avec un fin sourire), l’apolitisme inconscient de l’indignation permanente envers tout et n’importe quoi, notamment l’Argent et les Riches, construit une représentation simpliste du monde sur le modèle du bouc émissaire. L’ordre mondial et le bien-être des populations seraient alors menacés par deux causes essentielles : Israël et le capitalisme occidental. C’est réduire à bien peu de chose le jeu de forces des multiples acteurs du monde politique et économique et la complexité des intérêts politiques. C’est surtout exonérer totalement le monde jihadiste de toute responsabilité dans la guerre de conquête qu’il mène. Comme cette négligence de la réalité converge avec la condamnation systématique d’Israël, force est de constater un paradigme anti-juif qui est devenu la doxa franco-européenne, pour cause d’alliance avec le monde arabo-musulman. La question est de savoir si les populations européennes seront capables de résister à ces représentations, alors vouées à rester au stade de gesticulations pour intellectuels de carrière, ou si elles les épouseront inconditionnellement et massivement, soutenant ainsi l’adhésion de l’Europe à un projet diplomatique et politique pour le moins douteux.

Jean Szlamowicz est linguiste et traducteur et enseigne à l’université de Paris-Sorbonne. Il est l’auteur de Détrompez-vous ! Les étranges indignations de Stéphane Hessel décrytptées.

 

Tag(s) : #Désinformation - réinformation
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