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Alors que TF1 rendait compte de la visite de François Hollande en Israël, il nous a été donné de voir au journal télévisé un chef d'œuvre en matière de manipulation symbolique. Je ne suis même pas sûr que son auteur, le journaliste Patrick Fandio en ait maîtrisé lui même la conception et le sens tant ce petit film ressortit du réflexe automatique de la classe médiatique. On peut supposer par contre que la rédaction de TF1, pourtant en général beaucoup plus sobre en la matière que celle de FR2 fut, elle, totalement consciente de l'intention idéologique de cette opération.

 Pour illustrer la visite de Hollande dans l'Israël des start-up et du progrès, TF1 a choisi eneffet de faire un reportage sur la persécution par les colons israéliens des petites filles palestiniennes sur la route de leur école. Ce pseudo reportage était déjà en fait déjà ficelé avant même d'être illustré. Le cocktail est très télégénique: des enfants - dont on sait depuis l'affaire Al Dura qu'Israël aime particulièrement les tuer - de surcroît des filles, de surcroît des écolières, face à la cruauté des colons, toujours des hommes, forcément insensibles. On nous montre leur chemin de croix quotidien entre barrières et barbelés, avec un angle  de caméra qui accentue les cailloux du chemin. Elles disent combien elles souffrent et combien celà perturbe leurs études et leur concentration. Une fillette nous dit même qu'elle a de mauvaises notes à cause de la terreur qu'elle subit.

Ici le journaliste n'est pas un reporter mais un metteur en scène d'un scénario intentionnel. On sait parfaitement que la vérité ne sort pas toujours de la bouche des enfants - surtout chez les Palestiniens, comme l'histoire récente nous l'a montré - et que l'éducation palestinienne diffuse la haine à longueur de manuels et de cérémonies. Bizarrement, à ce propos, on remarque que toutes ces fillettes portent l'uniforme noir des femmes iraniennes. Sans doute appartiennent -elles à un milieu pro-Hamas? De tout celà nous ne saurons rien.

Le plus grave vient après, lorsque - pour être équitable bien sûr - le journaliste donne voix à un colon persécuteur. Grave, non pas parce qu'il dénie l'accusation portée par les fillettes mais parce qu'il est francophone et porte un nom qui sonne bien l'Afrique du Nord. On comprend que P. Fandio ne parle ni l'anglais, ni l'hébreu ni l'arabe (au fait qui l'a introduit dans la clase d'une école palestinienne d'un village perdu?). C'est plus facile pour lui d'interviewer un francophone mais s'est-il rendu compte que son petit film est vu en France et que son cocktail télégénique possède tous les ingrédients pour susciter la haine de secteurs entiers de l'opinion arabo-musulmane de ce pays, envers les Juifs de France que l'Israélien interviewé semble incarner si parfaitement.? A-t-il oublié que Mérah voulait venger , disait-il, "les enfants de Gaza"?

P. Fandio aurait pu aussi nous parler de l'enseignement de la haine dans les écoles de l'Autorité Palestinienne ou de l'exaltation du terrorisme contre les civils par Mahmoud Abbas, ou encore de l'antisémitisme quotidien sur la télévision palestienne. De celà le télespectateur français n'en saura rien. Il a préféré une "story" toute faîte, prête à filmer, un kit  de désinformation (dans la série "enfants") produit par la propagande palestinienne. On peut supposer en effet qu'il a accédé à ces fillettes d'une école islamiste d'un village perdu par un de ces assistants palestiniens qui introduisent les journalistes occidentaux dans la société palestinienne, en prenant leurs ordres au passage auprès de l'information de l'Autorité palestienne. On se souvient de Talal Abou Rahme, le cameraman de Charles Enderlin.

Comment le gouvernement français peut-il d'un côté proclamer qu'il lutte contre l'antisémitisme - et nous pouvons le croire - et autoriser un discours qui incite à la haine et qui se fonde sur des mensonges ou des caricatures? Les médias français se sont-ils sentis obligés de se livrer à un contre-feu à la visite de François Hollande? On ne voit aucun autre pays au monde traité de cette façon là et un tel manque de responsabilité quant aux retombées de ce discours sur la société française.

A partir d'une chronique sur Radio J, du vendredi 15 novembre 2013.

Tag(s) : #Shmuel Trigano
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