Victoire d’Obama : l’Amérique divisée, Michel Gurfinkiel

Publié le par danilette

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Les vrais vainqueurs du 6 novembre, ce sont les analystes et consultants politiques, qui ont prévu l’élection in extremis d’Obama. Au terme d’une division sans précédent de la société américaine.

La campagne présidentielle vient d’en apporter la preuve : les analystes politiques américains connaissent de mieux en mieux leur métier.

Un premier cas : les instituts de sondage. Ils n’ont commis aucune erreur majeure en 2012. C’est particulièrement net quand on relit le RCP Average, la moyenne des principaux sondages que publie chaque jour le magazine en ligne Real Clear Politics (RCP). Cet indice révélait, l’été dernier, que Barack Obama était susceptible d’être réélu, en dépit d’un bilan quadriennal médiocre. Il a ensuite perçu, à l’automne, la percée de Mitt Romney. Avant de noter que le président sortant remontait in extremis, dans les derniers jours d’octobre. Le 6 novembre au matin, le RCP Average donnait 0,7 point d’avance à Barack Obama. Ce devait être, douze heures plus tard, le résultat final.

Deuxième cas : le “rythme” de la campagne. Les analystes américains ont toujours affirmé qu’une élection repose sur quelques “moments forts” psychologiques. Notamment le mois d’octobre, dernière ligne droite avant un scrutin fixé depuis 1845 au premier mardi de novembre : une “surprise” intervenant pendant cette période – qu’il s’agisse d’un événement fortuit ou d’une mise en scène délibérée de la part d’un candidat – peut décider de l’élection.

En 2012, il y a eu deux “surprises d’octobre” successives. D’abord la victoire éclatante, le 3 octobre, de Romney sur Obama lors du premier débat télévisé entre les deux candidats : en une soirée, le candidat républicain est devenu le favori. Puis l’ouragan Sandy, à la fin du mois. Pour des raisons complexes, ce désastre a renforcé l’image du président sortant. Et lui a permis de retrouver un léger avantage sur Romney. En anglais, on qualifie une catastrophe naturelle d’“acte de Dieu” : “act of God”. Forte et juste formule.

Troisième cas où les analystes ont eu raison : l’importance, dans le système fédéral américain, de la géographie électorale (“the map”). Dès l’été dernier, les consultants des deux partis estimaient que même si Romney l’emportait en voix à l’échelon national (ce que l’on appelle aux Etats-Unis le “vote populaire”), Obama pouvait l’emporter au scrutin par Etats, qui décide réellement de la présidence. Il lui suffisait d’arriver en tête, ne fût-ce que de quelques voix, dans les Etats les plus peuplés, disposant du plus grand nombre de Grands Electeurs pour le scrutin final. C’est en effet ce qui a failli se produire le 6 novembre. En termes “populaires”, Obama ne l’a emporté que de quelques centaines de milliers de voix. En termes d’Etats, il n’en a conquis que 26 sur 50. Mais il a obtenu 303 Grands Electeurs sur 538, alors que Romney a plafonné à 206.

Quatrième cas : le caractère déterminant des identités collectives et plus particulièrement des “facteurs raciaux et ethniques” (“race and ethnicity”). Les consultants ont souligné dès le début de la campagne que celle-ci serait, avant tout, un duel entre les Américains classiques, Blancs de culture européenne attachés aux valeurs judéo-chrétiennes, et une coalition de Nouveaux Américains issus des minorités raciales traditionnelles (Amérindiens, Noirs) ou de l’immigration (Hispaniques, Asiatiques, immigrants des pays d’islam). LIRE LA SUITE

Publié dans USA, Michel Gurfinkiel

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