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Voici une analyse indispensable de base à lire pour tous les gens de bonne foi, qui veulent sincèrement comprendre ce qui est en jeu dans le conflit israélo-arabe, sans forcément connaître son histoire complexe toujours présentée avec une simplification ou propagande outrancière... Je vous invite vivement à lire tous les articles de Bat Yéor que vous trouverez ici sur le blog

Il est toujours surprenant d’entendre expliquer le conflit « israélo-arabe » avec des paradigmes et des concepts européens comme si la civilisation et l’histoire du monde arabe et musulman en étaient des sortes de répliques. Au surplus, ce conflit est mal nommé, car il en exclut l’un des acteurs majeurs : l’Europe. Les buts de ce conflit si mal nommé ne sont pas non plus précisés sinon par la culpabilité d’Israël coupable d’exister ou de défendre son existence, ce qui revient au même. De fait, ces buts consistent à nier son histoire et son identité pour rogner, afin de les supprimer définitivement, ses droits à un État souverain.

Même si les buts de l’UE et du monde arabe et musulman concordent : la suppression du minuscule État d’Israël et l’oblation de sa capitale Jérusalem, leurs motivations diffèrent.

La guerre européenne contre Israël s’inscrit dans la longue histoire de l’antisémitisme innovée par l’alliance de l’Église avec le pouvoir politique au IVe siècle mais aussi surtout dès les 19-20e siècles par les intérêts stratégiques, énergétiques, sécuritaires et économiques des pays européens avec le monde musulman.

Dès son origine, l’antisémitisme chrétien fut fondamentalement antisioniste par l’accusation de déicide portée contre les Juifs et leur inculpation d’incarner le Mal sur terre. Pour leur faire expier de tels crimes, l’Église décréta un ensemble de déchéances légales les concernant et adopta l’opinion augustinienne condamnant le peuple juif à errer en exil parmi les nations afin que ses malheurs et son abjection témoignent de la véracité du christianisme. Cette politique, enseignée comme une obligation théologique, détermina tous les aspects de l’antisémitisme et l’opposition constante pendant des siècles des Églises et d’États occidentaux au retour des Juifs dans leur patrie et notamment à Jérusalem dont ils devaient être exclus.

Ces brèves réflexions sur l’antisémitisme théologique ou d’État en Occident ne doivent pas occulter un courant chrétien favorable aux Juifs, à leur émancipation et à leur libération nationale sans lequel ils n’auraient pu sans doute développer leurs capacités intellectuelles dans tous les domaines ni regagner leur indépendance nationale. Courant qui se manifesta même aux pires heures du fascisme et du nazisme et qu’il convient toujours de rappeler quand on parle « d’antisémitisme chrétien ».

Dans le monde musulman, l’antisionisme émane d’une idéologie toute autre que celle de la chrétienté. En premier lieu l’islam ne reconnaît ni la crucifixion ni la divinité de Jésus, ce qui supprime l’accusation de déicide. Ensuite le sort des Juifs est celui dévolu à l’ensemble de la mécréance destinée à se soumettre à l’islam et finalement à disparaître. L’opposition au sionisme émerge par conséquent du contexte spécifiquement arabo-islamique déterminé par l’idéologie du jihad (sans équivalent dans le judaïsme et la chrétienté) et de son corollaire la dhimmitude (sans équivalent dans le judaïsme). Cette matrice nourrit et impose l’antisionisme comme elle suscita les guerres génocidaires au cours des siècles contre les mécréants pour les soumettre, puis contre les rébellions des chrétiens dhimmis qui réclamaient leur indépendance dans leur patrie islamisée, Hongrois, Grecs, Arméniens, Serbes, Roumains, Bulgares. C’est ce contexte jihadiste qu’il convient d’analyser pour comprendre ses motivations de guerre contre Israël. Ses paramètres ne sont pas ceux de l’Occident puisqu’ils visent l’Occident lui-même autant qu’Israël.

Au cours des siècles, la civilisation musulmane se développa et évolua selon ses propres critères, fort différents de ceux de la chrétienté. Elle ne connut ni les doutes ni les combats du rationalisme, ni l’époque des Lumières et ses révolutions sociales, ni l’abolition des privilèges religieux (émancipation des juifs et autres minorités religieuses) et sociaux au nom de l’égalité des droits. La concevoir à travers nos concepts et lui attribuer nos structures civilisationnelles ne fait que brouiller les idées. Ses combats désignés improprement révolutions nationales sont des jihads contre la domination de la mécréance. La notion de nation, issue de celle biblique du peuple juif, est remplacée dans l’islam par celle d’oumma régie par un calife, sorte de pape qui réunirait le pouvoir religieux et militaire, union interdite par le judaïsme et la chrétienté comme l’a si bien analysé Ibn Khaldoun.

Les guerres d’Israël, comme toutes celles des dhimmis chrétiens, sont celles d’une libération contre l’oppression impérative de la dhimmitude et non l’inverse comme le prétends la version euro-arabe palestiniste. Le conflit naît de la matrice islamique du jihad et de son corollaire, la dhimmitude juive. Il nous faut connaître la prégnance de l’histoire pour déceler ce que le géo-politologue Alexandre Del Valle nomme : le continuum théologique suprémaciste de la charia. C’est pourquoi je propose le mot dhimmitude pour comprendre ce conflit en place du mot antisémitisme qui ne devrait pas être utilisé dans le contexte islamique des relations entre musulmans et non-musulmans. Mais il semble qu’il y ait un véritable blocage politique occultant le mot dhimmitude, occultation qui supprime treize siècles de civilisation juive et chrétienne dans le monde musulman.

Aujourd’hui encore la prégnance conjuguée de l’antisémitisme et de la dhimmitude invoque la culpabilité de l’existence d’Israël. Le peuple juif est coupable de s’être libéré de la politique conjointe millénaire de la Croix et du Croissant lui interdisant par des persécutions et massacres systémiques au cours de l’histoire, de se regrouper dans sa patrie et notamment à Jérusalem. Ainsi la mise en garde donnée à Weizmann par Georges Clemenceau, laïc, anticolonialiste et ardent dreyfusard :

« Nous chrétiens, ne pouvons jamais pardonner aux Juifs la crucifixion du Christ ».

Jusqu’à recourir à un génocide en Europe au XXe siècle, génocide approuvé et encouragé par le monde musulman.

Après la défaite du IIIe Reich, cette mission fut désormais dévolue au mouvement islamo-nazi créé dans les années 1920-30 par Amin al-Husseini, nommé mufti de Jérusalem par la puissance mandataire en 1921.

Aujourd’hui la guerre antisioniste d’États européens, viole les engagements internationaux du Traité de Lausanne (24/07/1922), qui pour la première fois dans l’histoire moderne conféraient des frontières à la totalité de la Palestine, province de l’empire ottoman. Ces frontières départageaient notamment le territoire dévolu au Foyer National juif et celui de son pendant arabe palestinien : l’émirat de Transjordanie (1921).

Or en 1948 après une déclaration de la Ligue arabe annonçant un massacre de Juifs pire que ceux perpétrés par les Mongols, cinq armées arabes violèrent les frontières reconnues internationalement en 1922 pour le Foyer national juif. Et même les frontières qui venaient d’être reconnues par l’ONU en 1947 !

Ces armées arabes occupèrent des territoires de Judée, Samarie et Jérusalem-Est dont tous les habitants juifs qui y vivaient légalement furent massacrés ou déportés. Les pays européens s’abstinrent de dénoncer cette violation des frontières internationales du territoire judéo-palestinien accompagnés de crimes de guerre.

On peut comprendre les facteurs théologiques, psychologiques et géopolitiques qui motivèrent à cette époque le refus des États européens de vendre des armes aux Juifs palestiniens. Trois ans seulement auparavant, en 1945, leurs trains bondés de Juifs les conduisaient vers leurs charniers. L’alliance de l’euro et de l’islamo-nazisme demeurait si forte malgré la défaite de 1945 qu’en 1948-49 le peuple juif n’avait pas encore réintégré une dimension humaine. Il demeurait un intrus de l’histoire, une sorte d’assassiné du cadavre duquel on avait cru se débarrasser mais qui avait l’audace de vivre encore. Ses impudentes victoires désolèrent les États européens qui avaient vendu des armes à leurs ennemis et qui s’empressèrent de les secourir en créant l’UNRWA (Déc. 1949), organisation internationale spéciale d’aide aux fugitifs et réfugiés uniquement arabes. Personne ne se soucia alors des réfugiés juifs palestiniens déportés et remplacés par des colons égyptiens, syriens et jordaniens par la guerre de 1948-49.

Les traumatismes de la IIe Guerre mondiale et la prise de conscience de la Shoah freinèrent un temps l’antisémitisme. Un courant chrétien désireux de l’abolir et de se réconcilier avec le judaïsme amorça le processus de Vatican II. Les États arabes s’y opposèrent violemment et menacèrent de représailles leurs communautés chrétiennes dhimmies. Après la libération par Israël, en 1967, de leurs territoires conquis et occupés par les armées arabes en 1948, un bloc uni euro-arabe développa un discours qui transférait la victimologie juive sur la population arabe de Palestine. Sa propagande jouait habilement sur les représentations mentales occidentales en assimilant les Arabes de Palestine aux résistants européens antinazis, nazisme incarné par les Israéliens. Or ces Arabes de Palestine, chrétiens et musulmans, furent les plus fanatiques adhérents du nazisme dès la première heure. Leur chef, Amin al-Husseini et son secrétaire chrétien, furent les promoteurs du nazi-islamisme mondial.

En novembre 1973 après la victoire d’Israël contre l’invasion conjointe par la Syrie et l’Égypte, les neufs pays de la Communauté européenne réunis à Bruxelles souscrivirent dans leur Résolution du 6 novembre 1973 aux thèses d’Arafat, leader de l’OLP, neveu et fervent adepte de al-Husseini. Aidé, choyé, encensé par les gouvernements européens et leurs élites collabos, Arafat reformula dans le Palestinisme la politique d’éradication de l’État hébreu qui fut adoptée en 1980 par la Communauté européenne (Déclaration de Venise).

Après 1973, l’UE, renouant avec ses objectifs traditionnels, soutint de façon sournoise les forces arabes et musulmanes déterminées à éradiquer l’État hébreu. Ce soutien se manifesta aux plans médiatiques, politiques, culturels, organisationnels et internationaux. L’importance de ce renfort mériterait de désigner ce conflit comme une guerre euro-islamique contre Israël comme elle le fût sous les États fasciste et nazi dont elle est la continuation. Car sans l’impact déterminant de l’Europe, notamment dans la création et le financement de l’UNRWA et son indéfectible alliance avec l’OLP, organe terroriste créé à l’origine par Nasser, le conflit aurait sans doute été réglé entre Israël et la Jordanie. Ce pays créé par la puissance mandataire en 1921 sur 80 % de la Palestine pour incarner l’État palestino-arabe, ce qu’il est effectivement.

Même si l’on connaît l’impact du nazi-islamisme sur la Shoah, un esprit normal ne peut concevoir la profondeur satanique des concepteurs et promoteurs européens du palestinisme. Ce mouvement recourt à la subversion du langage : « Cisjordanie occupée », « territoires palestiniens occupés », « colons israéliens », thèmes auxquels contribuèrent des juifs israéliens antisionistes dans les bulletins d’Eurabia des années 1970. Langage codé occultant une stratégie d’éradication de l’État d’Israël.

L’exigence européenne actuelle « du retour d’Israël aux frontières de 1949 » n’est pas moins spécieuse. Elle vise, en effet, à substituer aux frontières internationalement reconnues de 1922 pour l’État juif les lignes d’armistices de 1949 d’une guerre provoquée par les Arabes de Palestine appelant à l’extermination des Juifs.

Loin de condamner cette agression arabe, l’UE s’empresse de récompenser ces crimes de guerre par l’octroi d’un second État palestinien pour un second peuple palestinien (le premier étant la Jordanie). Notons au passage que le peuple palestinien ne remplit aucun critère définissant un peuple : une langue, une histoire, une civilisation, une culture spécifiques. Par contre, il incarne parfaitement ceux du jihadisme qui, depuis 13 siècles, assiégea l’Occident. Avec le Palestinisme on revient donc à l’union des conceptions de St. Augustin, d’Hitler et du jihad.

Je ne suis pas israélienne et me garde bien d’émettre un avis sur la politique de l’État hébreu, sur ses partis et ses frontières. Mais pour conclure je constate que l’occultation du concept historique de dhimmitude remplacé par les responsables européens par celui du « vivre ensemble heureux chrétiens et musulmans, au temps passé avant l’État d’Israël ! » qui en est l’exact contraire, produisit au bout de trente ans des résultats catastrophiques. Développé dans des textes fondateurs de l’UE et de l’Alliance des Civilisations, il attribue les causes du terrorisme moderne et des conflits historiques entre Islam et Occident aux Croisades, au colonialisme et à la restauration de l’État d’Israël. Bref il est intimement soudé au Palestinisme qui entend réconcilier la Chrétienté et l’Islam en remplaçant Israël par la Palestine.

Le phénomène improprement appelé par certains « l’islamisation de l’Europe » procède de cette occultation.
Car il ne s’agit pas d’une islamisation mais d’une dhimmisation.
S’il n’est pas du ressort des non-musulmans de moderniser l’islam, en revanche il est du devoir de leurs leaders d’appréhender les dynamiques politiques dans leur propre contexte historique pour répondre aux défis identitaires et sécuritaires de notre époque. Pour cela la notion de dhimmitude est primordiale.
La source de cet article c'est l'excellent site MABATIM.INFO

Tag(s) : #Bat Ye'or
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