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« Humains, trop humains » : Comment Tsahal applique (trop bien) le droit de la guerre face au Hamas

Une enquête de l’hebdomadaire américain Weekly Standard lien met en lumière les pratiques véritables de l’armée israélienne à Gaza, bien loin des accusations propagées par des ONG israéliennes radicales et relayées par la presse française. Il y a quelques semaines, le journal Le Monde avait ainsi consacré sa « Une » et plusieurs pages intérieures à ce qu’il qualifiait de « dérive morale de l’armée israélienne ». Un expert allemand en droit de la guerre affirme pourtant que Tsahal, en s’efforçant à tout prix de minimiser le nombre de victimes civiles dans le camp adverse, crée un « précédent déraisonnable pour les autres pays démocratiques confrontés à des guerres asymétriques contre des acteurs non étatiques brutaux, qui violent le droit international ». Qui faut-il croire, le quotidien du soir français, ou l’expert allemand ?

Lire l'article en entier sur : http://vudejerusalem.20minutes-blogs.fr/

 

De l’affaire Al-Dura à la guerre de Gaza

En 2008, l’historien américain Richard Landes avait analysé l’affaire Al-Dura comme une version moderne de l’accusation de crime rituel portée contre les Juifs. En réalité, comme l’avaient déjà montré avant lui d’autres observateurs avertis du conflit israélo-arabe, cela fait des décennies que l’attirail des stéréotypes antijuifs les plus anciens a été remis au goût du jour pour démoniser Israël et en faire une version moderne de Shylock 1. Le dernier exemple en date est la récente attaque médiatique contre l’armée israélienne dans les médias français, à l’occasion de la publication d’accusations de « crimes de guerre » émanant d’une association israélienne financée par l’Union européenne et par l’Autorité palestinienne, « Breaking the Silence », dont le but avoué est de ternir l’image de Tsahal.

Les méthodes de la propagande arabe et palestinienne contre Israël ont souvent été empruntées aux deux écoles les plus performantes en la matière : Berlin et Moscou. L’historien de l’antisémitisme Léon Poliakov l’avait montré jadis, dans un petit livre très éclairant écrit fiévreusement, au lendemain de la première guerre du Liban de 1982 2. Un des ressorts de cette propagande est le procédé de l’inversion, consistant à accuser l’ennemi de ses propres tares. Dans la guerre que le Hamas a imposée à Israël, on assiste ainsi à une inversion constante, l’Etat juif étant accusé de tuer délibérément des civils, alors qu’il cherche par tous les moyens à minimiser le nombre des victimes à Gaza, tandis que le Hamas cherche ouvertement à multiplier leur nombre, au mépris de la vie de ses concitoyens.

Un avocat derrière chaque soldat ?

Une récente enquête du Weekly Standard 3 a ainsi montré comment Tsahal avait soumis les décisions opérationnelles de ses officiers sur le terrain à l’approbation – en temps réel ! – d’avocats spécialistes du droit de la guerre, ces derniers devant valider chaque cible potentielle au regard du risque de faire des victimes civiles chez l’ennemi… Cette procédure, inédite dans les conflits opposant des pays démocratiques à des régimes totalitaires et à des organisations terroristes djihadistes, devait permettre, dans l’esprit des dirigeants israéliens, de réduire les critiques contre Tsahal sur la scène internationale et dans l’arène médiatique. Le résultat n’a pas été très convaincant, à l’aune des répercussions du conflit à Gaza l’été dernier et des récentes retombées dans la presse française et internationale.

Mais le plus intéressant, dans la passionnante enquête de Willy Stern publié dans le Weekly Standard, n’est sans doute pas là. Il ressort en effet de son reportage que l’armée israélienne a essuyé les critiques de plusieurs spécialistes du droit international, en raison de la trop grande attention portée au nombre de victimes civiles à Gaza et des précautions inouïes prises pour le diminuer ! En d’autres termes, Tsahal en ferait trop, ce qui risque selon ces experts de créer des nouvelles normes impossibles à respecter pour les pays occidentaux en guerre contre la menace islamiste…

Un précédent déraisonnable

Ainsi, le professeur de droit allemand Wolff Heintschel von Heinegg, expert en droit militaire à l’université européenne de Viadrina à Frankfurt, s’est plaint devant un parterre d’officiers israéliens que Tsahal créait un précédent déraisonnable pour les autres pays démocratiques confrontés à des guerres asymétriques contre des acteurs non étatiques brutaux, qui violent le droit international. (The IDF “is setting an unreasonable precedent for other democratic countries of the world who may also be fighting in asymmetric wars against brutal nonstate actors who abuse these laws.”)

Le comble de l’absurde est ainsi atteint : Israël cherche à minimiser à tout prix le nombre des victimes palestiniennes (y compris au prix de la vie de ses propres soldats, exposés inutilement à des risques accrus en affrontant le Hamas sur le terrain, au lieu de mener des attaques aériennes comme le font les autres armées occidentales dans des situations similaires), tandis que le Hamas cherche à le maximiser. Lors des combats meurtriers à Sadjaya, au nord de Gaza, les autorités militaires israéliennes ont ainsi averti à l’avance leurs ennemis de l’entrée de Tsahal dans le village, pour permettre aux civils de l’évacuer. Or, aucune règle du droit international des conflits armés n’oblige un pays à prendre de telles précautions pour minimiser les pertes civiles de l’ennemi, en mettant ainsi en danger ses propres soldats.

Malgré cela, Israël est critiqué par les pays occidentaux, qui lui reprochent tantôt de commettre des « crimes de guerre » et tantôt d’en faire trop pour respecter les normes du droit de la guerre… Au lieu d’enseigner aux Occidentaux comment combattre le terrorisme (on se souvient du titre d’un livre fameux écrit il y a plusieurs décennies par un certain Binyamin Nétanyahou, alors ambassadeur d’Israël aux Nations Unies : Terrorism, How the West Can Win 4), Israël donne ainsi au monde entier des leçons d’hyper-moralisme et de judiciarisation de la guerre poussée à l’extrême, les officiers étant désormais soumis aux décisions des avocats en pleine guerre…

Une des leçons de l’enquête passionnante du Weekly Standard, qui ne fait qu’effleurer ce sujet passionnant et lourd de conséquences, est que le regard que le monde porte sur Israël ne dépend pas tant des actions de Tsahal sur le terrain, que de la conscience que les soldats israéliens ont d’agir de manière morale et juste. Plus nous doutons de la justesse de notre cause, plus nous portons le flanc aux critiques les plus injustifiées, comme ce fut le cas lors des dernières guerres à Gaza contre le Hamas. A l’inverse, plus nous affichons notre certitude de combattre pour notre survie en tant que collectivité nationale et pour défendre la vie de nos citoyens, plus le monde nous respectera.

  1. Voir notamment Rafael Drai, Le mythe de la Loi du Talion, Anthropos 1996 ; Paul Giniewski, De Massada à Beyrouth, PUF 1983.
  2. De Moscou à Beyrouth, Essai sur la désinformation, Calmann-Lévy 1983.
  3. Cette enquête a été portée à ma connaissance par l’article d’Alain Léger sur le site Dreuz, « Tsahal accusé d'avoir trop protégé les civils palestiniens pendant son opération militaire à Gaza ».
  4. Avon Books, 1987.

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Articles en lien :

http://www.israpresse.net/rapport-international-israel-a-respecte-le-droit-des-conflits-armes/

http://blog.unwatch.org/index.php/2015/06/12/key-findings-of-the-high-level-international-military-group-on-the-gaza-conflict/

Tsahal, l'armée israélienne crée un précédent déraisonnable !
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Tag(s) : #Israël, #Conflit israélo-arabe
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