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Personne n'a beaucoup parlé d'un acteur important du conflit syrien, l'Arabie Saoudite alors avec quelques jours de retard voici la traduction d'un article de Mordechai Kedar sur ce sujet, écrit le 11 septembre et qui m'a semblé intéressant de vous faire partager

Ces jours-ci, les médias arabes ne parlent que des activités diplomatiques sur la question syrienne, et les articles de commentateurs qui traitent de cette question remplissent des pages entières dans les journaux du monde arabe. Tous font des spéculations sur une potentielle action militaire américaine, son envergure, ses objectifs et sa durée mais surtout sur ses conséquences. Dans tout ce chœur d’analystes, la voix de l’Arabie saoudite est presque inaudible et il semblerait que quelqu’un ait imposé une censure sur ce sujet, le roi ?

 

Dans ma volonté de compréhension, j’ai téléphoné à un confrère saoudien, avec qui j’ai des contacts occasionnels. C’est un membre de la famille royale mais il ne fait pas parti du cercle restreint de prise de décisions. Cependant il connaît bien la façon de penser des dirigeants saoudiens et possède une connaissance profonde du fonctionnement du système. Au début, il n’a pas voulu parler de la situation mais après une conversation préliminaire, il a finalement accepté. C’est comme ça au Moyen-Orient : les relations personnelles sont fondamentales et le fait de parler arabe est la clé qui permet de pénétrer la mentalité des habitants de la région.


Il a préféré parler du « Golfe » et non pas de l’Arabie Saoudite pour exposer un front commun par rapport à la Syrie et la région. En fait ce n’est pas tout à fait exact car la position de l’Arabie saoudite (qui est le principal soutien des combattants salafistes en Syrie) n’est pas la même que celle du Qatar (qui soutient l’Armée syrienne libre) et les Émirats arabes unis, quant à eux, sont beaucoup plus actifs qu’Oman. Mais malgré ces différences entre les membres du Conseil de Coopération du Golfe, leurs attitudes de base sont très similaires. 


Mon collègue a fait allusion à un aspect important de la culture du Moyen-Orient : la « Murwa », la virilité. Un homme fera toujours attention à se conduire selon les règles [en vigueur] de conduite virile et essaiera à tout prix d’éviter de se conduire selon les règles de conduite féminine. Les émotions et les pleurs sont considérés comme des caractéristiques qui expriment la faiblesse féminine et un homme doit toujours garder sang-froid, sérénité et équilibre émotionnel, même dans les situations les plus difficiles et dangereuses. Et c’est bien ce qui transpire du calme affiché par le gouvernement saoudien ces derniers jours. On peut analyser cela ainsi : plus l’homme arabe est préoccupé et stressé intérieurement, plus il essaie d’apparaître calme et détendu en raison de l’importance obsessionnelle qu’il accorde à son honneur, qui est perdu s’il se comporte comme une femme.


Plus la conversation se déroulait plus elle devenait ouverte et mon collègue s’est mis à parler du monde occidental en général et des États-Unis en particulier. « Vous parlez tout le temps (il inclut Israël dans le monde occidental) des droits de l’homme, alors pourquoi êtes-vous silencieux sur ce qui se passe en Syrie? Ça fait au moins dix fois que des armes chimiques sont utilisées et vous n’avez pas encore trouvé une raison d’éliminer Assad ? Est-ce que 200 000 morts ne vous suffisent pas pour sortir de votre indifférence ? Est-ce que tout ce que vous savez faire, c’est seulement émettre des condamnations ? Menacer sans agir ? Vous avez toutes les preuves pour faire ce que vous vous étiez engagés à faire alors pourquoi ne le faites vous pas » ? Enfin cette question : « Est ce que le sang des Libyens est plus rouge que celui des Syriens ? Ou peut-être que le pétrole libyen est plus noir que le pétrole syrien ? Il a laissé libre cours à son mépris en évoquant comment l’Europe et l’Amérique ont attaqué Kadhafi mais n’attaquent pas Assad dont la conduite est bien plus épouvantable.


Je lui ai alors demandé ce que faisait le monde arabe pour agir contre un assassin de masse ? Il m’a répondu par une question rhétorique : « ne savez-vous donc pas ce que l’Arabie Saoudite a fait et continue de faire pour le peuple syrien » ? Il faisait allusion à ce que l’Arabie Saoudite sait bien faire : donner de l’argent, beaucoup d’argent pour les objectifs qu’elle cherche à atteindre. L’Arabie Saoudite et tous les autres pays du golfe ont versé des milliards de dollars à la rébellion syrienne, pour payer les combattants, acheter des armes, des munitions, des moyens de communication, pour aider les civils et même acheter des femmes destinées à « servir » les combattants. L’Arabie Saoudite finance des camps d’entraînement implantés dans plusieurs pays qui forment des combattants envoyés en Syrie pour combattre Assad.


L’Arabie Saoudite, en agissant ainsi, a réussi à mettre Assad dans une situation militaire et une tension telle qu’elle l’a poussé à utiliser des armes chimiques apocalyptiques le 21 août, car Damas étaient sur le point d’être conquise. En effet, entrées par un pays voisin, des forces entraînées, armées et équipées par l’Arabie saoudite se trouvaient le 20 août dans la banlieue Est de Damas. Assad a alors compris que s’ils ne détruisaient pas ces troupes, ensemble avec les civils qui servaient de bouclier humains, au moyen de gaz, ils allaient s’emparer des institutions gouvernementales, ce qui signifiait pour lui la fin de son règne et de sa vie.


Les Saoudiens ont donc vu leur victoire leur échapper au dernier moment par Assad qui a utilisé des gaz. C’est la raison pour laquelle ils sont si en colère contre Assad et contre l’Occident qui n’a pas agi immédiatement comme ils l’auraient voulu sans débat, sans votes, sans Congrès et sans parlements. Ils soupçonnent Obama de n’avoir jamais voulu agir en Syrie et que tous ces discours enflammés sur les lignes rouges à ne pas dépasser n’étaient que des paroles qu’il n’avait pas l’intention de mettre en pratique. Mon collègue a utilisé l’expression « le rugissement d’une souris » pour décrire les paroles d’Obama. 

 

Mais les Saoudiens ne peuvent pas attaquer personnellement Obama , parce qu’ils dépendent encore de lui pour faire face à grande menace, réelle, sérieuse, venue de l’Est, qui est l’Iran. Ils ont entendu les paroles du président iranien« modéré », « réformiste » (il a ri en prononçant ces mots), quand il a déclaré cette semaine que l’Iran n’abandonnerait pas un iota sur ses droits nucléaires. Il attribue cette déclaration à l’attitude de faiblesse des Occidentaux dans la question syrienne. Il a utilisé une expression arabe signifiant que l’Iran ignore complètement les États-Unis [NDT : approximativement : l’Iran n’a pas besoin d’un mètre pour mesurer les États-Unis].


Il ne croit pas qu’Assad va abandonner ses armes chimiques et il pense qu’il utilisera toutes sortes de ruses pour les dissimuler et cacher ce qu’il a dans ses stocks de la mort. « Les Russes ont remporté une grande victoire sur les États- Unis et ils profitent de l’absence de volonté européenne à utiliser la force. Et de toute façon c’est quoi tout ce bruit sur l’abandon des armes chimiques ? Est-ce qu’on punit un assassin en lui confisquant l’arme de son crime ? Quels sont ses normes éthiques ? Pourquoi n’est-il pas encore question d’un mandat d’arrêt international contre al-Assad pour le traduire en justice devant la Cour pénale internationale ? En quoi est-il différent d’Omar Al Bachar du Soudan et de Milosevic de Yougoslavie ?


Selon mon collègue arabe : « l’Iran est le grand gagnant du fiasco syrien, elle récolte les fruits de son succès en Irak car les milliers d’Américains qu’elle a tués en Irak entre 2003 et 2010 empêcheront les États-Unis d’intervenir en Syrie comme ils lui ont permis d’avoir un contrôle illimité sur l’Irak et la Syrie. Les Gardiens iraniens de la révolution se battent avec Assad en Syrie bien que ce soit une violation des résolutions du Conseil de sécurité dans l’indifférence générale ».


La famille régnante d’Arabie Saoudite est très préoccupée par la faiblesse occidentale vis-à-vis de la Syrie aujourd’hui qui reflète la façon dont l’Occident réagira si l’Iran attaque l’Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe ; c’est un test qui montre que les pays occidentaux n’auront ni force ni le courage de sortir de leur passivité pour soutenir l’Arabie Saoudite quand cela se produira. Les Saoudiens sont tendus et inquiets et c’est ce qui explique le calme de l’Arabie Saoudite durant ces jours éprouvants.


Il se peut qu’il existe encore des dirigeants de pays du Moyen-Orient qui sont très préoccupés par l’avenir de leur région et du monde.

 

            © Traduit de l'hébreu par Danilette © conditions de reprise


חרדת הסעודים

התקשורת הערבית מלאה בימים אלו ידיעות על הפעילות הדיפלומטית הקשורה בסוגיה הסורית, ומאמרי הפרשנות העוסקים בכך ממלאים עמודים שלמים בעיתוני העולם הערבי. כולם מנסים להבין אם תהיה פעולה צבאית אמריקנית, מה יהיו היקפה, עצמתה, יעדיה ומשך הזמן שלה, ובעיקר מה יהיו השלכותיה. מכל המקהלה של הפרשנות נעדר כמעט לחלוטין קול אחד חשוב, והוא הקול הסעודי, ונראה ששם מישהו – המלך? – גזר תענית דיבור על הפרשנים.

מתוך רצון להבין לעומק את הסיבה, התקשרתי לעמית סעודי, שאתו אני עומד בקשר לא רצוף. הוא שייך למשפחה המלכותית, אבל איננו מצוי במעגל הפנימי של קבלת ההחלטות. עם זאת, הוא מכיר היטב את אורח החשיבה המאפיין את המערכת השלטונית הסעודית, מודע לסוג השיקולים והתחושות המניעים אותה ומבין לעומק את מה שנאמר ומה שלא נאמר בה. בתחילה הוא סירב לדבר, ורק לאחר "שיחה מקדימה" הוא התרכך. ככה זה במזרח התיכון: הקשר האישי הוא הבסיס לכל דבר, והערבית היא הגשר שבאמצעותו ניתן לעבור אל תוככי התחושות של בני האזור.

הוא העדיף לדבר על "המפרץ", לא על סעודיה, כדי לבטא את אחדות השורה כלפי מה שמתרחש בסוריה וסביבו. הדבר לא מדוייק, כי אין זהות בין העמדות של סעודיה (הספקית והתומכת העיקרית של הלוחמים הסלפים בסוריה) ובין אלו של קטר (העומדת מאחורי הצבא הסורי החופשי), ואילו איחוד האמירויות הרבה יותר אקטיבי מעומאן. אך למרות ההבדלים בגישות של חברות "מועצת שיתוף הפעולה במפרץ" עדיין רב המשותף בעמדותיהן הבסיסיות.

העמית רמז לתכונה תרבותית מזרח תיכונית חשובה ובסיסית היא ה"מורואה" – "גבריות". גבר יקפיד להתנהג על פי כללי ההתנהגות המחייבים גברים, ויעשה כל מאמץ להתרחק מדפוסי התנהגות נשיים. רגשנות ובכיינות נתפסות כתכונות המביעות חולשה נשית, ואילו גבר מחויב לשמור על קור רוח, שקט נפשי ואיזון תפקודי, גם במצבים קשים ומסובכים. נראה שהשקט המאפיין בימים האחרונים את המערכת הפוליטית הסעודית נובע מהתכונה הזו. ניתן לומר שככל שהסערה הנפשית, הפנימית, גדולה יותר, כך יגבר השקט והרוגע שהגבר הערבי יקרין. זה קשור לאובססיית הכבוד, שכן גבר הנשמע כמו אישה נחשב לבזוי.

בשיחה שהפכה לגלויה יותר ככל שנמשכה קבל העמית על העולם המערבי בכלל ועל ארה"ב בפרט. "אתם (הוא כולל את ישראל בעולם המערבי) מדברים כל הזמן על זכויות אדם, אז למה אתם שותקים על מה שקורה בסוריה? האם אחרי עשר פעמים של שימוש בנשק כימי עדיין לא הצלחתם למצוא סיבה לחסל את אסד? האם מאתיים אלף הרוגים לא מספיקים להוציא אתכם משלוותכם? האם כל מה שאתם יכולים לעשות זה להוציא גינוי? לאיים בלי לבצע? הרי יש לכם כל ההוכחות הנדרשות כדי לבצע את מה שאתם אמרתם שתעשו, אז למה אתם לא עושים את מה שהתחייבתם לעשות?" ואז הגיעה שאלת המחץ: האם דמם של הלובים אדום יותר מדמם של הסורים? או שמא הנפט של הלובים שחור יותר מזה של הסורים?" הדברים נאמרו בלא מעט זלזול, שכן אותה קואליציה של אירופה ואמריקה תקפה את קד'אפי בשל דברים פחות נוראים מזה שמבצע אסד.

שאלתי אותו: "אז מה עושה העולם הערבי כדי להתמודד עם רוצח ההמונים?" כאן הגיעה השאלה הרטורית: "אינך יודע מה עשתה ועושה סעודיה עבור העם הסורי?" הוא התכוון למה שסעודיה יודעת לעשות: לתת כסף, הרבה כסף, למטרות שבהן היא מאמינה. סעודיה – יחד עם מדינות המפרץ כולן – שפכה מיליארדים רבים על המרד בסוריה כדי לשלם ללוחמים, לרכש נשק, תחמושת, אמצעי קשר, סיוע אזרחי ואפילו לנשים שיעברו לסוריה וישרתו את הלוחמים. סעודיה מממנת מחנות אימונים במדינות אחרות כדי לאמן לוחמים שיעברו לסוריה כדי להילחם באסד.

הפעילות הסעודית הצליחה להכניס את אסד למצב צבאי ונפשי שאילץ אותו להשתמש בנשק יום הדין, הנשק הכימי, שאילולי השימוש בו ב-21 באוגוסט הייתה דמשק נכבשת בידי כוח מאומן, חמוש ומצוייד, שהגיע ממדינה שכנה לאחר שסעודיה השתתפה במימון אימוניו, והתמקם בלילה הקודם בפרברים המזרחיים של דמשק. אסד הבין שאם הוא לא ישמיד כוח זה בגז – יחד עם האזרחים שהכוח התחבא ביניהם כמגינים אנושיים – הכוח יצליח להשתלט על מוסדות השלטון בדמשק ויגיע הקץ לשלטונו ולו עצמו.

הסעודים עמדו על סף הניצחון, והשימוש שעשה אסד בגז לקח מהם אותו. לכן הם כל כך רוגזים על אסד, ועל המערב שלא נקט את הפעולה המתבקשת מייד, בלי דיונים, בלי הצבעות, בלי קונגרס ובלי פרלמנט. הם חוששים שאובמה מעולם לא התכוון באמת לפעול בסוריה, וכל הנאומים חוצבי הלהבות שלו על קוים אדומים והתוצאות שתגענה כתוצאה מחצייתם היו רק מילים, ללא שום כוונה לבצע. העמית השתמש בביטוי "שאגת העכבר" לתיאור דברי אובמה.

אלא שהסעודים אינם יכולים לתקוף את אובמה אישית, שכן הם עדיין מסתמכים עליו בנוגע לאיום הגדול, האמיתי, הרציני הנמצא ממזרח להם, מאיראן. הם שמעו היטב את דברי נשיא איראן "המתון", "הרפורמיסט" (העמית צחק כשאמר מילים אלה) שנאמרו השבוע, שאיראן לא תוותר על קמצוץ מיכולתה הגרעינית. הוא קושר הצהרה זו לחולשת המערב שהוקרנה מהסוגייה הסורית. הוא השתמש בביטוי הערבי המקביל ל"איראן לא סופרת את ארה"ב ממטר".

הוא לא מאמין שאסד יוותר על הנשק הכימי שלו, ויעשה כל תרגיל אפשרי כדי להעלים ולהסתיר את מה שיש לו במחסני המוות. הרוסים ניצחו את ארה"ב בגדול, וניצלו היטב את חוסר הרצון האירופי להפעיל כוח. ובכלל, מה כל העניין של הוויתור על הנשק הכימי? האם עונשו של רוצח יכול להצטמצם בהחרמת האקדח שבו הוא ביצע את הרצח? איזה סטנדרט מוסרי ומשפטי זה? למה לא מוציאים אפילו צו מעצר בינלאומי נגד אסד כדי להביאו לדין בבית המשפט הבינלאומי לפשעים? מה הוא שונה מעומר אלבשיר מסודאן ומילושביץ מיוגוסלביה?

על פי העמית, איראן היא המנצחת הגדולה של כל הפיאסקו הסורי. היא קוצרת היום את פירות ההצלחה שלה בעיראק, שכן אלפי החללים האמריקנים שאיראן הפילה בעיראק בין השנים 2003 ו-2010 הם אלו המרתיעים את ארה"ב היום מלהתערב בסוריה. כך הרוויחה איראן את עיראק – שכיום היא שולטת בה ללא מגבלה – ואת סוריה. משמרות המהפכה האיראנים לוחמים בסוריה לצידו של אסד למרות שזו הפרה של החלטות מועצת הביטחון, ואף מדינה לא עושה כלום.

השלטון בסעודיה חושש, חושש מאוד, שהחולשה המערבית המוקרנת כיום באופן חמור בסוריה תשתקף גם ביחס של המערב כלפי איראן, וגם אם איראן תפעל נגד סעודיה ומדינות המפרץ האחרות בעתיד לא יהיה למערב העוז והאומץ לצאת משלוותו ולסייע לסעודיה ביום המבחן. הסעודים לחוצים ומודאגים, וזו הסיבה לשקט העולה מסעודיה בימים קשים אלה.

ייתכן שבמזרח התיכון יש עוד כמה מדינות שבקרב מנהיגיהן שורר חשש כבד לגבי עתיד המזרח התיכון והעולם בכלל.

 

Tag(s) : #Mordechai Kedar, #Syrie
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