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"Tous les jours de  ma vie, le remord me ronge pour avoir renoncé si facilement à notre droit de prier sur le Mont du Temple. J'aurais dû démissionner de l'armée et tout faire pour que nous puissions continuer à prier sur le Mont du Temple."

Lire l'article en entier sur : http://vu-sous-cet-angle.over-blog.com/article-mise-au-point-le-mont-du-temple-a-vraiment-ete-repris-par-israel-117857041.html

 

L'image du déroulement de la libération du Mont du Temple au cours de la guerre des Six jours s'est arrêtée dans beaucoup d'esprits sous la forme suivante: après avoir écrasé et mis en fuite la légion jordanienne, réputée comme l'une des plus puissantes du monde arabe, Moshé Dayan accepte la capitulation musulmane, mais, «beau joueur», ou complètement dépassé par les événements, il remet simultanément aux autorités musulmanes la clé du lieu le plus saint du judaïsme. Selon cette compréhension, ce dernier ne serait resté qu'un très court instant entre les mains d'Israël, autrement dit jamais. On ignore souvent pourtant qu'une synagogue et un beth midrash, centre d'étude juif, y ont été ouverts et ont été fréquentés pendant plusieurs semaines. Le livre d'Avi Rat, Beoz Veta'açoumth (Avec ardeur et détermination) donne un nouvel éclairage sur une période occultée.

 

 

On a trop tendance à considérer aujourd'hui que le gouvernement de Lévy Eshkol, dont Moshé Dayan incarna les fonctions de ministre de la Défense, aurait été trop effrayé par une sorte d'accélération de l'histoire, et préféra ne pas mettre la main sur le Mont du Temple, pour ne pas réveiller les démons qui se seraient jetés sur le jeune Etat d'Israël qui n'avait, ne l'oublions pas, que 19 ans. Nous allons citer ici quelque passage de l'édifiant travail de documentation de l'auteur israélien Avi Rat, qui a rassemblé d'innombrables documents, des coupures de presse aux interviews couchées sur le papier, afin de dresser le parcours du grand rabbin de Tsahal, le Rav Shlomo Goren, dont de nombreux événements vécus se fondent dans l'histoire de la renaissance du peuple juif sur sa terre.


L'ouvrage est présenté comme une autobiographie, bien que l'auteur reconnaisse que si le grand rabbin militaire avait lui-même écrit ses mémoires, il aurait peut-être mis l'accent sur d'autres points que ceux choisis ici. (p294, édition Yédi'oth Sefarim).

 

 

«Nous nous implantâmes solidement sur le Mont du Temple. J'y ouvris un institut, près de la porte des Occidentaux (Cha'ar haMograbim) et j'y accrochai une enseigne: "L'institut du rabbinat militaire sur le Mont du Temple". (…) Nous commençâmes à y prier régulièrement. Nous procédions à la lecture des rouleaux de la Torah que nous avions mis à notre disposition sur le Mont du Temple, où nous entreposâmes également des livres saints. Pendant la période où j'exerçais mon autorité sur le Mont du Temple, j'avais convoqué le corps du génie militaire pour lui demander de prendre des mesures précises. Ils travaillèrent pendant environ deux semaines sur les relevés, et mirent au point des cartes qu'ils me remirent. Je désignai dix officiers du Mont du Temple, et les dotai de brassards qui portaient l'inscription: "Officier du Mont du Temple." Ils y exercèrent pendant toute cette période, qui dura à peu près quarante jours, à compter de la libération du Mont du Temple, jusqu'au moment où Dayan l'offrit aux Musulmans.


Un jour, Dayan vint me voir et m'annonça que je devais plier bagages et abandonner l'institut qui se trouvait sur le Mont du Temple, qu'il fallait enlever les livres et tout ce que nous possédions sur place, et congédier les officiers, parce qu'il avait remis l'autorité des lieux au Waqf musulman. J'eus le sentiment de recevoir un coup de tonnerre au beau milieu d'un jour serein. Il me dit qu'il le faisait en conformité avec la position du gouvernement. Je le mis en garde contre le fait de confier le Saint des Saints de la nation au Waqf musulman, fervent ennemi d'Israël. Or, bien que Begin était lui aussi membre du pouvoir, du gouvernement de l'union nationale, il agit très faiblement pour défendre nos intérêts et nos droits, ni pour la caverne de Makhpella, quand il apprit que la question était critique, ni pour le Mont du Temple.


Le 9 av 5727, je me fis accompagner d'un public d'environ cent fidèles, et montai sur le Mont du Temple en passant par la Porte des Occidentaux. Nous récitâmes la prière de l'après-midi, lûmes la Torah et je pris le dernier passage suivi du Prophète (Isaïe 56, 7) qui s'achève en ces termes: "Et Je les ramènerai sur Ma montagne sainte, Je les réjouirai dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront acceptés sur mon autel, car ma maison, maison de prière, sera ainsi nommée pour toutes les nations. Parole de l'Eternel Cevaoth, rassembleur des rejetés d'Israël, je les rassemblerai certes en ce lieu".


Le lendemain, le journal Haaretz informa ses lecteurs de cet événement. Ils ajoutèrent que les Arabes envisageaient de manifester contre ma personne dans la Vieille Ville. Ils étaient remontés contre notre prière et ma déclaration de revenir pour le shabbat de la Consolation, la semaine suivante, en invitant cinquante mille fidèles à me rejoindre, afin de prier et de revendiquer notre droit sur le Mont du Temple, et pas seulement sur le Mur Occidental. Je précisai que je n'avais pas l'intention de porter atteinte aux mosquées, mais seulement d'exercer notre droit de prier en cet éminent lieu saint.


Le jeudi qui précéda ce shabbat, je reçus un coup de téléphone de Dayan. Il me parlait depuis la réunion ministérielle, et m'informa que le gouvernement avait décidé d'exiger de moi l'annulation de la prière sur le Mont du Temple. Je lui fis part de mon refus. Il me demanda alors au nom du Premier ministre d'accepter au moins de repousser cette prière à une date ultérieure. Je lui répondis que s'il était juste question de la reporter à un autre shabbat, j'acceptais, à condition qu'il m'informât de quel shabbat il serait question, et qu'il conclût avec moi un accord. Il était d'accord, et me demanda de faire stopper les messages diffusés en permanence à la radio, et qui invitaient cinquante mille fidèles à me rejoindre. J'acceptai qu'il transmît en mon nom que la prière était repoussée. Mais la parole de Dayan ne pesait pas lourd, et toute la journée et la nuit suivante, il fit diffuser sur les ondes à dix reprises que j'annulais la prière et non pas que je la reportais.


Tous les jours de  ma vie, le remord me ronge pour avoir renoncé si facilement à notre droit de prier sur le Mont du Temple. J'aurais dû démissionner de l'armée et tout faire pour que nous puissions continuer à prier sur le Mont du Temple.


Au moment où la charge du Mont du Temple fut cédée au Waqf, la porte des Occidentaux ne nous était pas encore réservée, et nous entrions par la Porte des Lions. Les Arabes la condamnèrent avec des planches. Pendant cette même période, nous nous réunissions pour des congrès du rabbinat militaire sur le Mont du Temple, des journées d'études approfondies et des prières. Quand je vis que la porte était fermée, j'ordonnai à l'un des officiers de prendre un levier sur l'un des tanks, de  l'apporter et de briser le portail, et c'est ainsi que nous entrâmes. Quand nous voulûmes ressortir, ils fermèrent la porte des Occidentaux avec une clé qu'ils refusèrent de nous remettre. Je contactai le commandant de la région et demandai de m'envoyer un bataillon de jeeps avec des canons afin de forcer le portail qui était très solide. Il informa les Arabes que s'ils s'obstinaient à refuser de nous remettre la clé, nous enfoncerions la porte. Ils capitulèrent, et le commandant de la région appela Dayan et des photographes, et ils s'introduisirent par cette porte. Aujourd'hui encore, la photo où l'on peut voir Dayan et Ouzi Narkis passer par la porte des Occidentaux est restée célèbre. Il fut décidé que cette porte resterait sous l'autorité de la police militaire et qu'elle serait empruntée par les Juifs.»


Le Rav Goren précise ensuite que les relevés effectués par le génie militaire ont permis de déterminer avec précision qu'il est permis ou interdit de fouler sur le Mont du Temple. Avec un groupe restreint de fidèles, le Rav continua à disposer d'une certaine immunité qui lui permit de continuer à se rendre sur les lieux, à prier et se prosterner face contre terre, comme à l'époque où le Temple était encore en place. Il organisa même un office de Kippour l'année qui suivit la libération de la ville.


Cette politique émanant du pouvoir de l'intérieur et qui porte atteinte aux droits les plus légitimes du peuple juif ne date pas d'aujourd'hui, quand nous assistons impuissants aux décisions de gel sélectif de la construction qui ne passent plus depuis longtemps aux yeux du monde pour des gestes de bonne volonté, mais pour une attitude on ne peut plus normale. «Tes destructeurs et les auteurs de ta ruine proviennent de toi.»(Isaïe 49, 17) Le grand rabbin de Tsahal ne cessa de reprocher à Dayan, ministre de la Défense, d'avoir remis de ses propres mains et délibérément le Saint des Saints aux adeptes d'un autre culte. Dayan se défendit en soutenant que le gouvernement était d'accord et que personne n'avait réellement tenu ni exigé qu'une partie au moins de l'esplanade du Temple fût consacrée à la prière des enfants d'Israël.


Ce témoignage nous enseigne sans ambiguïté qu'il ne fut jamais question d'une sorte de frayeur qui aurait empêché le gouvernement d'investir le lieu le plus saint du judaïsme, mais que, bien au contraire, la souveraineté totale d'Israël s'y était exercée pendant quarante jours.

Tag(s) : #Israël, #yeochoua sultan
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